SOLID'Art 2021

"Pour ce qui est du vent dans les voiles, il nous rappelle que le désir de l’homme est excentrique, que c’est au lieu de l’Autre qu’il se forme : juste dans ce cabinet particulier où de la coquille où gîte l’huître s’évoque l’oreille de la jolie femme avec un goût de compliment." Lacan

Nov 7, 2006

TUCKË



m'adressant à toi
cherchant cette phrase
laissant le temps
à toute fin
vacant
j'éprouve
un peu mieux
cette nuit


que je puisse dire — ici
repartir

attends-toi à l'évènement
qui serait
de la dire

dire cette phrase

à quoi je m'essaie
toujours
maintenant







l'artisan

je ne dirai pas travaux…
pourtant, depuis ce jour
quelque chose se mit
(pour moi)
à en dire plus


je pense maintenant à l'artisan
(l'art de Dédale)


la fleur bleue qu'elle avait dans sa main et
celle que j'ai mise dans le bouton de ma chemise
étaient la même

main tendue
pas l'étreinte
l'air comme aveu

dans ses lèvres
la lie
– tanin que la terre ne donne pas
dans ses lèvres
couleurs : cassis et framboise

et dans ses paupières
le lit d'une vigne…












à dire :

jusqu'ici j'ai manqué de jeu
j'ai eu peur tout ce temps
une vraie peur et ça m'a
— trahi
la saveur en passant
me prenant tout ce temps




(voici ma guérison...)





je veux que vous sachiez :
sur le point de sortir
je n'ai pas pu tracer
l'aube ne vint pas
tous ces jours détruits et par la nuit
recouverts de brume
et dans le deuil
trouvé
pâture et clôture

le reste demeure là
sans que je puisse l'offrir
et aussi brûlant qu'on le sache
banni

et maintenant que j'y pense
marqué par le temps
je me dis : hasard
qui me trouve
tuchê
mais le hasard n'est pas de ce temps
ni d'aucun temps
ni dans le temps
ni du temps


arc et arcade
comme la distance
ce qui me rencontre est
bleu
fruit
tuchê





j'ai longtemps hésité
(surtout auprès des femmes)
à mettre un terme à ce que j'entendais
malgré souvent
l'envie furieuse
d'agir

je pense à la forme ancienne
d'un vase
au savoir de l'artisan

ce que j'entendais
était-il le vide ou le vase ?
où placer le vin ?


malgré l'envie furieuse j'hésitais donc
fruit ou bruit — comment savoir ?
ne sachant pas
j'écoutais…












mon corps
est un passé ajourné
ce qui veut dire
que pour moi
le futur est
un
trait—







hasard
qui me trouve
tuchê

ENERGEIA

(sauf ce qui lève d’un trait
le point au-dessus
réalise le bleu dans l’ocre)





"… venant de loin touchait presque l’arc
traversait le jour "

(phrase pour la robe)



aspect éconduit vers la fenêtre :
contre-jours

savoir qui se mesure au sol
dans la levée



à rappeler : la préséance de tes pas et
l’audace d’avoir prélevé …
d’avoir tracé
laissé l’encoche
d’avoir réalisé le double nom du sol dans la vigne

s’en souvenir:
sauf ce qui lève d’un trait
le point au-dessus
réalise le bleu dans l’ocre
réalise l’orge
le double nom du geste



offrande
à même l’aspect
rigoureusement ta robe
du bleu que tu portais
(une seule fois je crois)
au lin

sans change dans le faste
tu étais comme la lumière : seulement vouée

à même le torse
seulement pour le fruit
et cette fois détachée du bleu
la préséance de ta sieste dans la forge








à savoir : des draps les plis n’ont pas de nom pour le sel
ni pour l’ombre
ni pour la forge



mais d’avoir pu insister après la ronde :
ta voix à ses heures
nos répliques
dans —
maintenant le retour est l’aspect sous les arcades



il faudrait donner un autre nom à la peinture
pour garder en son nom séjour
dans le lin

le torse
ce trait
joies comme
de te voir lire la couleur fondue

si nous nous sommes montrés c’était pour en parler
congédiés j’ai dû caresser tes joues avec ma langue à nouveau
nous étions là où les couleurs ferment la marche

lent le vin
vient de loin le vent





il y a des lumières qui semblent dire où nous étions
du rouge au grenat
mais c’est un essaim plus diffus qui draine et qui escorte
la journée

en amont
ta présence m’écarte du temps
il ne reste que le bleu


je serai toujours l’homme qui
dès que le jour pointe
cherche
œuvré par —


le bleu versé
dans sa ruche
le travail du brun
déclos
la levée d’un seul aspect


en acte :
bleu,
préséance

pan d’aube
ici
dans l’an de l’arc



trait…

Nov 2, 2006

TORO



(ma langue est la servante)




trancher avec un saut le ciel

qu'une seule raie bleue demeure




le torse mouillé

creuser pour le pavot

qu'une seule ligne bleue partage








s'en acquitter au sol

redoublant l'apport



l'air est la moitié d’une poire

une fois cueillie il ouvre vers son torse

ma langue est la servante

à même le sol

et la laisser vive





par bonds s’en affranchir

et cette perle ne sera pas mesure

le vent pourra dessiner sur le sable

mais ce sera l’étreinte l’élue


le sel et un quart de lune

Oct 30, 2006

Leçon de peinture



(m'accompagne un certain effet de prose dissoute
excédant
dans levée du sang
le regard)





… jamais une couleur
un ton
ni une demi-teinte
sans l'opacité du corps qui la répand


je ne sais quel signe ne cesse de la précéder
du nacré à l'ocre











m'accompagne un certain effet de prose dissoute
excédant
dans levée du sang
le regard





























il y a cet art que l'on néglige…


destin des choses vivantes
la couleur grenade de ta robe
lisière entre ta peau et une ville


saveur du jour où nous fumes fruits
lueur touchant le mât
ombre par-dessus bord



il est si tentant de parler de vide, mais
il n'y a pas d'absence pour le feu




gardes de ta silhouette
les pas qui mènent à la chambre
toi en ton torse nu
en ta peau luisante


aucun secret ne pourra nourrir la pierre
si l'opacité n’est pas celle du tambour
aussi garde-toi d'habiter dans ton étreinte


pour accompagner un dernier mot
sers-toi de l'enclos


toi qui portes un bouquet
toi qui franchis les murs de ta maison pour venir jusqu'ici
toi qui pour tant de raisons sors du multiple

salut !

DEUX FOIS QUATRE

à M.

(et traduire les syllabes devant les choses
sans faire la digue
puis se retirer vers l'enclos)




deux fois quatre

soluble

dans l'étreinte—

amour dit à toi

sous la lumière d'un avril qui tarde

dit à toi ce diaphane…






poires

le vert du plat

les fruits vert

cap dit à toi

mamelles

soluble dans l'étreinte









deux fois quatre

avec toi

jour

quelle lumière !

syllabes du cap

j'ai entendu l'il de ta langue

l'annoncer






à l’ouvrage

et au seuil :

mains

mains solubles dans l'étreinte

puis, en aval du cycle : poires



et ta poitrine dans l'arc faire appel








dis : épars


deux fois quatre

aux alentours du talus

nous sommes l'il d'un je




trait

lèvres au passage




et dans l'arc s’exil

ta sortie du bain









il est temps

à l'heure de l'orge

à l'heure de l'essaim

de trouver un lieu

décliner—

dédier son temps













récupérer pour l'air d'avril

l'amont

et traduire les syllabes devant les choses

sans faire la digue

puis se retirer vers l'enclos




l'amont lui-même










la lumière éteinte

et cette porte mi-close

sont un plus

d'un pur écart



je salue en toi

la source du pavot…

LITTORAL

(et certain de la fleur s'aviser
à cette hauteur

de l'intervalle
abri du lieu que nous sommes)








demeure —


l'apport de l'arc demeure




je ne peux pas additionner ces nuits




pendant ce temps ton visage tremble

pendant ce temps je connais un tableau qui se cache

un vieux tableau

pendant ce temps je suis le rêve du lin

et l'homme qui s'est assis près de la fenêtre attend









une phrase m'ignore dans le jasmin

seule ta robe fait le lien




si je sombre dans ta couche

notre atout est de ne pas orienter la nuit

en cela nous sommes fidèles aux rendez-vous




et ce souvenir :

un rai de lumière dans la cuisine

poussière à contre-jour que

plus âgé j’ai cru trouver chez Lucrèce…




et maintenant

retour de l'aspect ou retour à l’aspect ?




il est aussi difficile de savoir où

commence le dessin que de dire où s'arrête le présent






l'attrait

(aussi bien que la robe, si elle tombe…)

multiple

mais qui voudrait substituer sa présence au hasard ?



littoral



aucune intention à ce jour

pour peu que je m'attarde

arrive à s'appliquer la ligne dans la marche



produire ce là-bas






écho d'un geste peint

ou comme on disait jadis : l'ombre


















le temps à l'approche du miel échoue

seul persiste le faste du lin

travaillé par la chaleur

sans qu'il y ait trace



(la source comme bouclier)


épars, le miel

comme déjà l'orge

comme déjà le coton non tissé

ne se cache plus


et si au petit matin je guette la lumière

c'est à nouveau le miel

à nouveau le lin blanc plein de sel

qui recevant l'hôte

protégent son séjour

mais pas l'issue







la lumière aussi échoue

et le mur, qui avait autrefois l'enfant pour témoin

cesse d'inscrire son abri


j'ai quitté la maison

et en vain la pensée retarde le littoral









une seule encoche

une seule écharde

ni pluie ni vent ni vague

— du trait








la coupe à contre-jour

entre transparence et arrêt

m'apprend ce séjour

et que j'apporte l'écho dans l'offrande

et que je commence au sol la levée


bien loin aura fourni

sa coupe le dessin







rythme frontalier

un rêve deux fois perdu

divulgué par je ne sais quelle rémanence

terre calcinée et jasmin





et soudain le vide








dans la grande pièce une ronde dispersée

et sur le lin le nœud du spectre

ce qui restait du bruit

allait se dissiper dans le quatuor…


aucun point

pas d'escorte

ni ruse


sauf le matin

l'ocre et le bleu

sauf la trouée

un plateau servi la veille

ou ses épaules












il se peut

qu'un pas

pourtant voulu

soit contré par l'azur


c'est ça séjourner

se présenter devant le littoral

ou ses lèvres







hier ailleurs

le sol rocailleux

lumière abrupte

pins de Provence

et le nom d'Empédocle

partageant le Midi











pendant la vendange

aller au silence


coteaux ou talus

le tact du jour


grappes éparses

ainsi quand elle se lève nue…












éclaircie

quatre sont les couleurs qui trient

l’essaim dans la ruche







si je vois le miel dans la pierre

c'est le trait

ou parfois ses cuisses quand elle dort









à hauteur d'oranger

se blottir dans l'étreinte


et certain de la fleur s'aviser

à cette hauteur

de l'intervalle

abri du lieu que nous sommes

Oct 17, 2006

A L’AMANTE 04


to go A l'Amante 01


t'oublieras ta robe mon amour
et moi
l'heure d'un chant pour ta bouche


















il ne tient qu'à
toi
dresser
en
appel le
vide

A L’AMANTE 03

to go A l'Amante 01


("veille sur qui n’est pas mon absence")


ne sachant ni quand ni comment
allait-on passer
(séjour en sources vives, rêve en rivière) au tableau
ni si son corps
même nu
pouvait me l'offrir
il nous restait cet joy







dessin ci-devant
dans sa course
messager
pour elle
à ses soins
passant par sa voix
l'heure d'un
ruisseau
préparant mon arrivée



ce n'était pourtant que
la simple orgie d'une
rose




aussi l'enclos





après
et comme autrefois de mes mains
avec la terre

j’ai façonné ce chant


fureur d'un faune broyant des teintes
brassant large

sillage ci-devant ouvert
au Cabinet…




par courrier je lui ai adressé :

"veille sur qui n’est pas mon absence"

c'était l'hymen d'un
secret
et maintenant ici












course dressée en dansant
tantôt rose pour un vase
tantôt îlot dans un vers
peine ou joie
l'aine drue de sa couche
le seuil humide de son lit
et l'envie bien tenue de cet
joy
je traçais…

trait donc –
aussi cette fleur qui d'un plus
qui d'un pli
nous arrivait avec ça d'un rire







souviens-toi de mes mains
souviens-toi de nos mains







et des nuits

Oct 9, 2006

A L’AMANTE 02

to go A l'Amante 01


(son corps même
nu

se
donnant

n'aurait pas
pu

dénuder autant mon silence)








j'écoutais cela avec lenteur…




son corps même nu
se donnant
n'aurait pas pu
dénuder autant mon silence

c'était donc, en partant
flèche dans les deux sens :
une seule droite infinie




le temps, lui
allait vers le retrait








ce n'était que la simple orgie
d'une
rose

un jour sa peau
prenant à part ma vue dicta la suite
elle allait vers la commode et
à hauteur de la bougie
m’offrit l’aspect
à jamais






nous avions peur d'abîmer
(sous prétexte d'œuvre)
la pudeur—
tarir
la source






aussi après chaque saveur disait-elle
de sa voix d'amante
– qu'allons-nous devenir ?

Oct 3, 2006

A L’AMANTE 01

"Le chemin du secret danse à la chaleur"
R. Char



(ce qui, pourtant, n'était
que la simple orgie
d'une rose)



…d'un désir à sa voix suspendu
la rumeur à peine naissante
et fondue au dessin de sa bouche
passant plus bas
et me disant par ses yeux
qu'elle avait aimé…
aussi, ce chemisier qu'elle portait comme une robe
ce jour, quand,
rentrant pour
la première fois
les yeux mi-clos
par la fortune
j'ai su qu'il y avait là
l'errance d'un tableau
ici, tout près, tout loin,
(chose que j'avais désirée)
traversant la pièce et ma voix
et que je mettrai du temps à le lui dire

ce qui, pourtant, n'était
que la simple orgie
d'une rose





(ces mots qui passaient par
en dessous quand ses attraits
m'ouvraient la voie
– des heures donc)
comme ce désir, à elle aussi
d'un séjour à la campagne :
je voyais des portes et des grandes fenêtres la lumière du Midi
et quelque part dans la pièce
ainsi sa pudeur
laissant sa jupe,
ses attraits
et ma touche caressant


l'instant, était ainsi –
flèche dans les deux sens

en amont : tout un reliquat de forces vives
qui me surprenait en deuil
étrange fusion d'éléments : manne
et
magma
j'avais d'un côté
cette rémanence biblique du désert :
la manne
tombant
du ciel
de l'autre, jaillissant du bas
des forces volcaniques : le magma
résidu des laves
– toute une ville ensevelie par
l'irruption du Vésuve en l'an 79, mais aussi
Empédocle
approchant l'Etna


en aval : l'espace d'une chambre
le moment où elle m'ouvrit la porte
puis venant d'ailleurs
comme tant de ressources non écloses
l'excès –
et avec lui
l'écho d'une lumière ajournée au printemps





*

Oct 2, 2006

A l'amante


(Cantique troisième)



SILENCE

Paris, l'aube du 9 novembre 1998




De lui servir ainsi ma patience
d'un mot seul, comme abri
et que lui-même ait pu lui dire
ce qu'à mon tour je tenais pour
l'un des traits
d'amour tacite
elle me surprit quand
venant là, près de moi
dans mes bras presque
ou après, se blottir autant d'un mot
autant d'un silence
ayant compris que plus qu'elle ou moi
lui, le tiers d'un silence
lui, le peu
était le plus

passant
et que seules joies
mettraient à l'abri…





Nudités d'intervalles 04






dans l'ombre la verdure est un vœu



ocre-doré sur fond bleu
puis le bruissement des caresses
saumon-orangé et jaune maculés ça et là
ensuite brun avec des reliquats rouges
une nappe d'ombre au fond
le lit d'une tension, en effet




de loin on observerait une réfraction bleutée qui descend ou qui monte
descend : dévoilement du diaphane
monte : effraction de l'aube
dans les deux cas l'éloquence d'un ravissement



saveurs






Sep 29, 2006

Nudités d'intervalles 03



— ici, j'aime cet ici, ici… et vous, vous aimez ?








l'autre jour vous aviez le souvenir au bord des lèvres
le regard dans la bouche et
l'ouïe dans les yeux

vous m'écoutiez par la bouche
mais vous m'aviez dans l'ouïe

Nudités d'intervalles 02

— vous avez travaillé?
— ce n'est pas un travail
— c'est vous qui avez employé ce mot
— je sais... ce n'est pas le bon
— dites un autre…












sauf ici — lui ai-je dit

d'un mot qui n'est pas
sauf ici
d'un mot dont nous n'aurions ensuite
pas la moindre trace
sauf ici







je ne m'en souvenais plus
sous les arcades "bruits" en suspens
aucun "travail" en effet pouvait les ressusciter









après, seul, en marchant, j'éprouvai le désir de lui en lire quelques pages, dehors en pleine ville, dans un endroit calme qui voudrait bien de nous ; je regardai vers "les jardins du Louvre"…






j'écrirai plus tard : le bruit des arcades brûle

Sep 27, 2006

Nudités d'intervalles 01

le hasard aux paupières
(ce fut notre histoire)
interludes
chair comme troisième



pliée
ainsi nous disons : langue — la langue
deux comme lèvres
au bout de —





son regard vient me chercher
elle ne m'en dit pas plus

elle est dans ce plus

Présentation

à venir