Oct 30, 2006
Leçon de peinture
(m'accompagne un certain effet de prose dissoute
excédant
dans levée du sang
le regard)
… jamais une couleur
un ton
ni une demi-teinte
sans l'opacité du corps qui la répand
je ne sais quel signe ne cesse de la précéder
du nacré à l'ocre
m'accompagne un certain effet de prose dissoute
excédant
dans levée du sang
le regard
il y a cet art que l'on néglige…
destin des choses vivantes
la couleur grenade de ta robe
lisière entre ta peau et une ville
saveur du jour où nous fumes fruits
lueur touchant le mât
ombre par-dessus bord
il est si tentant de parler de vide, mais
il n'y a pas d'absence pour le feu
gardes de ta silhouette
les pas qui mènent à la chambre
toi en ton torse nu
en ta peau luisante
aucun secret ne pourra nourrir la pierre
si l'opacité n’est pas celle du tambour
aussi garde-toi d'habiter dans ton étreinte
pour accompagner un dernier mot
sers-toi de l'enclos
toi qui portes un bouquet
toi qui franchis les murs de ta maison pour venir jusqu'ici
toi qui pour tant de raisons sors du multiple
salut !
DEUX FOIS QUATRE
(et traduire les syllabes devant les choses
sans faire la digue
puis se retirer vers l'enclos)
deux fois quatre
soluble
dans l'étreinte—
amour dit à toi
sous la lumière d'un avril qui tarde
dit à toi ce diaphane…
poires
le vert du plat
les fruits vert
cap dit à toi
mamelles
soluble dans l'étreinte
deux fois quatre
avec toi
jour
quelle lumière !
syllabes du cap
j'ai entendu l'il de ta langue
l'annoncer
à l’ouvrage
et au seuil :
mains
mains solubles dans l'étreinte
puis, en aval du cycle : poires
et ta poitrine dans l'arc faire appel
dis : épars
deux fois quatre
aux alentours du talus
nous sommes l'il d'un je
trait
lèvres au passage
et dans l'arc s’exil
ta sortie du bain
il est temps
à l'heure de l'orge
à l'heure de l'essaim
de trouver un lieu
décliner—
dédier son temps
récupérer pour l'air d'avril
l'amont
et traduire les syllabes devant les choses
sans faire la digue
puis se retirer vers l'enclos
l'amont lui-même
la lumière éteinte
et cette porte mi-close
sont un plus
d'un pur écart
je salue en toi
la source du pavot…
LITTORAL
à cette hauteur
de l'intervalle
abri du lieu que nous sommes)
demeure —
l'apport de l'arc demeure
je ne peux pas additionner ces nuits
pendant ce temps ton visage tremble
pendant ce temps je connais un tableau qui se cache
un vieux tableau
pendant ce temps je suis le rêve du lin
et l'homme qui s'est assis près de la fenêtre attend
une phrase m'ignore dans le jasmin
seule ta robe fait le lien
si je sombre dans ta couche
notre atout est de ne pas orienter la nuit
en cela nous sommes fidèles aux rendez-vous
et ce souvenir :
un rai de lumière dans la cuisine
poussière à contre-jour que
plus âgé j’ai cru trouver chez Lucrèce…
et maintenant
retour de l'aspect ou retour à l’aspect ?
il est aussi difficile de savoir où
commence le dessin que de dire où s'arrête le présent
l'attrait
(aussi bien que la robe, si elle tombe…)
multiple
mais qui voudrait substituer sa présence au hasard ?
littoral
aucune intention à ce jour
pour peu que je m'attarde
arrive à s'appliquer la ligne dans la marche
produire ce là-bas
écho d'un geste peint
ou comme on disait jadis : l'ombre
le temps à l'approche du miel échoue
seul persiste le faste du lin
travaillé par la chaleur
sans qu'il y ait trace
(la source comme bouclier)
épars, le miel
comme déjà l'orge
comme déjà le coton non tissé
ne se cache plus
et si au petit matin je guette la lumière
c'est à nouveau le miel
à nouveau le lin blanc plein de sel
qui recevant l'hôte
protégent son séjour
mais pas l'issue
la lumière aussi échoue
et le mur, qui avait autrefois l'enfant pour témoin
cesse d'inscrire son abri
j'ai quitté la maison
et en vain la pensée retarde le littoral
une seule encoche
une seule écharde
ni pluie ni vent ni vague
— du trait
la coupe à contre-jour
entre transparence et arrêt
m'apprend ce séjour
et que j'apporte l'écho dans l'offrande
et que je commence au sol la levée
bien loin aura fourni
sa coupe le dessin
rythme frontalier
un rêve deux fois perdu
divulgué par je ne sais quelle rémanence
terre calcinée et jasmin
et soudain le vide
dans la grande pièce une ronde dispersée
et sur le lin le nœud du spectre
ce qui restait du bruit
allait se dissiper dans le quatuor…
aucun point
pas d'escorte
ni ruse
sauf le matin
l'ocre et le bleu
sauf la trouée
un plateau servi la veille
ou ses épaules
il se peut
qu'un pas
pourtant voulu
soit contré par l'azur
c'est ça séjourner
se présenter devant le littoral
ou ses lèvres
hier ailleurs
le sol rocailleux
lumière abrupte
pins de Provence
et le nom d'Empédocle
partageant le Midi
pendant la vendange
aller au silence
coteaux ou talus
le tact du jour
grappes éparses
ainsi quand elle se lève nue…
éclaircie
quatre sont les couleurs qui trient
l’essaim dans la ruche
si je vois le miel dans la pierre
c'est le trait
ou parfois ses cuisses quand elle dort
à hauteur d'oranger
se blottir dans l'étreinte
et certain de la fleur s'aviser
à cette hauteur
de l'intervalle
abri du lieu que nous sommes
Oct 17, 2006
A L’AMANTE 04
to go A l'Amante 01
t'oublieras ta robe mon amour
et moi
l'heure d'un chant pour ta bouche
il ne tient qu'à
toi
dresser
en
appel le
vide
A L’AMANTE 03
("veille sur qui n’est pas mon absence")
ne sachant ni quand ni comment
allait-on passer
(séjour en sources vives, rêve en rivière) au tableau
ni si son corps
même nu
pouvait me l'offrir
il nous restait cet joy…
dessin ci-devant
dans sa course
messager
pour elle
à ses soins
passant par sa voix
l'heure d'un
ruisseau
préparant mon arrivée
ce n'était pourtant que
la simple orgie d'une
rose
aussi l'enclos
après
et comme autrefois de mes mains
avec la terre
j’ai façonné ce chant
fureur d'un faune broyant des teintes
brassant large
sillage ci-devant ouvert
au Cabinet…
par courrier je lui ai adressé :
"veille sur qui n’est pas mon absence"
c'était l'hymen d'un
secret
et maintenant ici
course dressée en dansant
tantôt rose pour un vase
tantôt îlot dans un vers
peine ou joie
l'aine drue de sa couche
le seuil humide de son lit
et l'envie bien tenue de cet joy
je traçais…
trait donc –
aussi cette fleur qui d'un plus
qui d'un pli
nous arrivait avec ça d'un rire
souviens-toi de mes mains
souviens-toi de nos mains
et des nuits
Oct 9, 2006
A L’AMANTE 02
(son corps même
nu
se
donnant
n'aurait pas
pu
dénuder autant mon silence)
j'écoutais cela avec lenteur…
son corps même nu
se donnant
n'aurait pas pu
dénuder autant mon silence
c'était donc, en partant
flèche dans les deux sens :
une seule droite infinie
le temps, lui
allait vers le retrait
ce n'était que la simple orgie
d'une
rose
un jour sa peau
prenant à part ma vue dicta la suite
elle allait vers la commode et
à hauteur de la bougie
m’offrit l’aspect
à jamais
nous avions peur d'abîmer
(sous prétexte d'œuvre)
la pudeur—
tarir
la source
aussi après chaque saveur disait-elle
de sa voix d'amante
– qu'allons-nous devenir ?
Oct 3, 2006
A L’AMANTE 01
R. Char
(ce qui, pourtant, n'était
que la simple orgie
d'une rose)
…d'un désir à sa voix suspendu
la rumeur à peine naissante
et fondue au dessin de sa bouche
passant plus bas
et me disant par ses yeux
qu'elle avait aimé…
aussi, ce chemisier qu'elle portait comme une robe
ce jour, quand,
rentrant pour
la première fois
les yeux mi-clos
par la fortune
j'ai su qu'il y avait là
l'errance d'un tableau
ici, tout près, tout loin,
(chose que j'avais désirée)
traversant la pièce et ma voix
et que je mettrai du temps à le lui dire
ce qui, pourtant, n'était
que la simple orgie
d'une rose
(ces mots qui passaient par
en dessous quand ses attraits
m'ouvraient la voie
– des heures donc)
comme ce désir, à elle aussi
d'un séjour à la campagne :
je voyais des portes et des grandes fenêtres la lumière du Midi
et quelque part dans la pièce
ainsi sa pudeur
laissant sa jupe,
ses attraits
et ma touche caressant
l'instant, était ainsi –
flèche dans les deux sens
en amont : tout un reliquat de forces vives
qui me surprenait en deuil
étrange fusion d'éléments : manne
et
magma
j'avais d'un côté
cette rémanence biblique du désert :
la manne
tombant
du ciel
de l'autre, jaillissant du bas
des forces volcaniques : le magma
résidu des laves
– toute une ville ensevelie par
l'irruption du Vésuve en l'an 79, mais aussi
Empédocle
approchant l'Etna
en aval : l'espace d'une chambre
le moment où elle m'ouvrit la porte
puis venant d'ailleurs
comme tant de ressources non écloses
l'excès –
et avec lui
l'écho d'une lumière ajournée au printemps
*
Oct 2, 2006
A l'amante
(Cantique troisième)
SILENCE
Paris, l'aube du 9 novembre 1998
De lui servir ainsi ma patience
d'un mot seul, comme abri
et que lui-même ait pu lui dire
ce qu'à mon tour je tenais pour
l'un des traits
d'amour tacite
elle me surprit quand
venant là, près de moi
dans mes bras presque
ou après, se blottir autant d'un mot
autant d'un silence
ayant compris que plus qu'elle ou moi
lui, le tiers d'un silence
lui, le peu
était le plus
là
passant
et que seules joies
mettraient à l'abri…
Nudités d'intervalles 04
dans l'ombre la verdure est un vœu
ocre-doré sur fond bleu
puis le bruissement des caresses
saumon-orangé et jaune maculés ça et là
ensuite brun avec des reliquats rouges
une nappe d'ombre au fond
le lit d'une tension, en effet
de loin on observerait une réfraction bleutée qui descend ou qui monte
descend : dévoilement du diaphane
monte : effraction de l'aube
dans les deux cas l'éloquence d'un ravissement
saveurs