R. Char
(ce qui, pourtant, n'était
que la simple orgie
d'une rose)
…d'un désir à sa voix suspendu
la rumeur à peine naissante
et fondue au dessin de sa bouche
passant plus bas
et me disant par ses yeux
qu'elle avait aimé…
aussi, ce chemisier qu'elle portait comme une robe
ce jour, quand,
rentrant pour
la première fois
les yeux mi-clos
par la fortune
j'ai su qu'il y avait là
l'errance d'un tableau
ici, tout près, tout loin,
(chose que j'avais désirée)
traversant la pièce et ma voix
et que je mettrai du temps à le lui dire
ce qui, pourtant, n'était
que la simple orgie
d'une rose
(ces mots qui passaient par
en dessous quand ses attraits
m'ouvraient la voie
– des heures donc)
comme ce désir, à elle aussi
d'un séjour à la campagne :
je voyais des portes et des grandes fenêtres la lumière du Midi
et quelque part dans la pièce
ainsi sa pudeur
laissant sa jupe,
ses attraits
et ma touche caressant
l'instant, était ainsi –
flèche dans les deux sens
en amont : tout un reliquat de forces vives
qui me surprenait en deuil
étrange fusion d'éléments : manne
et
magma
j'avais d'un côté
cette rémanence biblique du désert :
la manne
tombant
du ciel
de l'autre, jaillissant du bas
des forces volcaniques : le magma
résidu des laves
– toute une ville ensevelie par
l'irruption du Vésuve en l'an 79, mais aussi
Empédocle
approchant l'Etna
en aval : l'espace d'une chambre
le moment où elle m'ouvrit la porte
puis venant d'ailleurs
comme tant de ressources non écloses
l'excès –
et avec lui
l'écho d'une lumière ajournée au printemps
*
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